Archives de catégorie : Science – actualité

L’actualité scientifique de Jacques en octobre 2020

01.10.20 Nature 586, 7827

GLACIER, GROENLAND, FONTE, MODELISATIOIN. 

-7 – 8, 29 – 30, 70 – 74. La perte de masse de la calotte glaciaire du Groenland sera plus rapide au 21e  siècle que n’importe quand durant l’Holocène (derniers 10’000 ans.)

Quand on parle de modélisation du climat, on rencontre très souvent la nomenclature de l’IPCC Representative Concentration Pathways RCPx.y utilisée pour calculer les trajectoires climatiques selon la valeur x,y du forçage radiatif, c’est-à-dire la quantité d’énergie supplémentaire (exprimé en W/m2) apportée à l’état initial du climat. Ainsi RCP2.6 signifie que l’irradiation solaire normale (environ 1000 W/m2) est augmentée de 2,6 W/m2. Ce scénario est le plus gentil des scénarii généralement considérés. Il correspond à cesser totalement l’usage des combustibles fossiles avant 2040.

Le dernier rapport du mois passé étudiait comment évoluerait la calotte antarctique selon la température durant les prochains millénaires. Elle pourrait disparaître en bien moins de 10’000 ans. Même si on pouvait alors revenir en arrière selon la courbe inverse de température, il faudrait beaucoup plus de temps et finir à une température beaucoup  plus basse pour revenir à notre situation actuelle.

Le présent article se rapporte à la glace du Groenland dont il étudie l’évolution depuis la fin de la dernière époque glaciaire (-10’000 ans) jusqu’à la fin de ce siècle. Dans le modèle entrent les données connues (par des rapports isotopiques) de la température de surface et ses effets sur la chute de neige et la fonte de la glace. Entrent aussi les équations d’écoulement de la glace selon la topographie, ce qui est compliqué et demande de gros calculs, car la plupart des glaciers s’écoulent vers la mer par des vallées relativement étroites dans un relief compliqué. Reste aussi à tenir compte de la liaison entre la calotte, la banquise et la pleine mer. Tout ceci n’est qu’un modèle. La suite du travail consiste à étalonner le modèle en ajustant ses paramètres par les données que fournissent le carottage de la glace ainsi que les sédiments qui marquent l’évolution du front glaciaire. 

Le modèle ainsi étalonné permet de constater que le rythme de perte de masse actuel n’a existé précédemment qu’à certains moments du début de la période (-10’000 – -8000 ans. Pour les années 2000 à 2018, elle vaut environ 6 Tt (6.1012 tonnes/an), ce qui correspond à une augmentation du niveau moyen des océans de 0,7mm/an.

La suite du travail consiste à simuler l’évolution probable durant le siècle à venir. Là, tout dépend du scénario RCP considéré. Selon RCP2,6, la perte de glace durant le siècle sera d’environ 8,8Tt (Tera = 1012) alors qu’elle sera de presque 36Tt dans le scénario RCP8.5. Ce dernier chiffre produira une montée de la mer de 7mm/an à la fin du siècle. En continuant à ce rythme, la calotte glaciaire du Groenland aura disparu avant 1’000 ans et la mer sera montée de quelque 8m (cette dernière donnée ne vient pas de l’article cité ici.)

Aschwanden, A. (2020). The worst is yet to come for the Greenland ice sheet. Nature, 586(7827), 29-30.

Briner, J. P., Cuzzone, J. K., Badgeley, J. A., Young, N. E., Steig, E. J., Morlighem, M., . . . Nowicki, S. (2020). Rate of mass loss from the Greenland Ice Sheet will exceed Holocene values this century. Nature, 586(7827), 70-74.

08.10.20 Nature 586, 7828

SCIENCE, POLITIQUE, USA, TRUMP

-1190-194. Trump et les dégâts faits à la science.

Même si Trump est mis dehors le 3 novembre, les dégâts dureront. 

Why Nature needs to cover politics now more than ever. (2020). Nature, 586(7828), 169-170.

Tollefson, J. (2020). How Trump damaged science – and why it could take decades to recover. Nature, 586(7828), 190-194.

ASTRONOMIE, VÉNUS, EXOBIOLOGIE, VIE, PHOSPHINE

-182-3. De la vie sur Vénus ? Que fait la phosphine là-haut ?

La surface de Vénus et à 460°C sous 90 atm de CO2. Y a-t-il un pire lieu pour y trouver de la vie ? Alors, surprise, le grand réseau millimétrique d’Atacama (66 antennes fonctionnant comme une seule à 5’000m d’altitude au Chili) et le télescope Maxwell à Hawaï pensent avoir détecté des traces (2×10-8) de phosphine dans la haute atmosphère de la planète. La phosphine est un gaz, très toxique et très réactif. C’est justement cette dernière propriété qui rend sa présence surprenante. Parce qu’il est réactif, on attend qu’il devienne autre chose de plus stable. S’il est là, c’est qu’il a été récemment produit. Or, quelle peut en être la source ? Pour le moment, on ne connaît qu’un chemin : celui des processus vivants. On imagine alors qu’un aérosol de bactéries pourrait exister dans la haute atmosphère de la planète… ou alors que la molécule soit produite par un processus inorganique que l’on ne connaît pas… ou alors que l’observation soit une erreur. Pour y voir clair, il vaudrait mieux caractériser le spectre, mais celui-ci se perd à la plus petite trace d’eau. Les observations dont il est question ici ont été faites par des instruments situés à plus de 4000m d’altitude. Il existe un télescope infrarouge installé dans un Boeing 707 qui coûte très cher à la NASA et dont le bilan scientifique est maigre jusqu’à présent. À plus de 10km d’altitude, l’observatoire volant serait particulièrement bien adapté. Pourra-t-il nous dire si la phosphine existe vraiment dans la haute atmosphère de Vénus ? Pourra-t-il ainsi motiver ceux qui hésitent à poursuivre son financement ?

O’Callaghan, J. (2020). Life on Venus? Scientists hunt for the truth. Nature, 586(7828), 182-183.

ECONOMIE, SOCIOLOGIE, PSYCHOLOGIE, DON, ALTRUISME. 

-201 – 2, 257 – 261. L’exposition de l’inégalité riche/pauvre convainc les pauvres à devenir actifs. 

La recherche se fait à Soweto en Afrique du Sud. La figure ci-dessous pose le cadre du problème. 

La méthode est la suivante. Dans cette région où riches et pauvres vivent à proximité, on demande aux passants s’ils sont favorables à des taxes augmentées pour les riches. Pour la moitié, la question est posée alors qu’une voiture de luxe est parquée juste à côté. Pour l’autre moitié, pas de voiture. Pour le contrôle, on joue le même jeu avec une question neutre : êtes-vous favorable à remplacer l’énergie nucléaire par des sources durables ? Le résultat est que, oui, la voiture de luxe augmente de 11% ceux qui se prononcent pour une taxe augmentée. Par contre, surprise, la présence de la voiture réduit de 9% le nombre de ceux qui acceptent de s’arrêter pour répondre. Il est aussi observé que l’effet disparaît quand la population pauvre est distante (plusieurs km) de la population riche. 

Tout ceci ne nous surprend guère. J’avais déjà compris que la récolte des signatures pour l’initiative des glaciers aurait été facile à Ferpècle, au pied du glacier qui fiche le camp. La recherche présentée ici évalue une action qui se passe dans un cadre strictement légal et civil. La suite est annoncée. Elle explorera le sentiment face à la désobéissance civile pacifique ou violente. C’est ce genre de réponse qui nous intéresse vraiment. 

Sands, M. L., & de Kadt, D. (2020). Local exposure to inequality raises support of people of low wealth for taxing the wealthy. Nature, 586(7828), 257-261. 

ASTRONOMIE, EXOPLANÈTES, PROTOÉTOILE

-205 – 206,228 – 231. Observation des signes précoces de la formation de système planétaire dans des étoiles très jeunes.

Quand j’étais jeune on disait qu’une étoile est un corps céleste si lointain qu’il n’apparaît que comme un point lumineux. Depuis, on a fait des progrès. Si l’étoile n’est pas trop lointaine ni trop petite, on peut distinguer et mesurer son disque. Il est maintenant très à la mode de poursuivre l’effort de Michel Mayor et d’essayer de voir directement leur système planétaire. Ce n’est pas ce que vise le présent article. Ici, il s’agit d’observer le stade initial, quand commence à se structurer le disque de poussière qui gravite autour de la toute jeune étoile. L’image ci-dessus représente de disque annulaire autour de la protoétoile IRS63. Elle a été obtenue par le réseau d’antennes d’Atacama (le même que celui qui prétend avoir détecté de la phosphine sur Vénus). Ce n’est pas l’image originale mais ce qui reste quand on soustrait à celle-ci le modèle d’un disque de poussière homogène. Seules restent alors les irrégularités de la structure originale. On voit que la matière se répartit en bandes radiales ; surtout on remarque que ces bandes, en particulier la bande extérieure, sont modulées d’une manière qui fait penser à la structuration d’un flot turbulent. Est-ce l’hydrodynamique spatiale par laquelle s’amorce la formation des planètes ? En tous cas, la photo est impressionnante quand on pense qu’il y a 50 ans, on n’y aurait vu qu’un point lumineux.  

Segura-Cox, D. M., Schmiedeke, A., Pineda, J. E., Stephens, I. W., Fernandez-Lopez, M., Looney, L. W., . . . Harris, R. J. (2020). Four annular structures in a protostellar disk less than 500,000 years old. Nature, 586(7828), 228-231.

CONSERVATION, CBD, AICHI, TARGET 11, 

-217 – 227. Conservation par zone au 21e siècle. Pour les écologistes ; dis-moi Antoine Guisan, ai-je bien compris comment évoluent les efforts de conservation au niveau mondial ?

Chacun connaît le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), créé en 1988 et dont le but a été de spécifier la conférence de Paris en 2015 : ne pas dépasser un réchauffement de 2°, si possible 1,5. Le chemin aussi est défini : neutralité carbone d’ici 2050. Ainsi, le GIEC a remarquablement bien fait son boulot. Bravo, on continue. 

Le climat n’est pas le seul problème de la Terre, la biodiversité et la préservation de la vie le valent bien. Pour évaluer et résoudre ce problème-là, il faut regarder du côté de la Convention sur la diversité biologique CBD en anglais, initiée en 1992 à Rio. En particulier, il faut se référer au Plan stratégique décanal pour la biodiversité, accepté par 168 pays en 2010. Il définit, entre autres, ledit 11e but Aichi (de la ville du Japon où s’est prise la décision) selon lequel il faudra que 17% des la surface des terres et des lacs ainsi que 10% des surfaces côtières et marines soient protégées d’ici 2020. 

Le présent article fait le point sur ces 10 ans d’efforts et propose la stratégie pour la suite. Pour ce qui est de l’extension de la protection, il y a eu des avancées notables, même si le but 11 n’a pas été atteint. Les surfaces protégées terrestres et lacustres ont passé de 14,1 à 15,3% alors que les réserves marines ont cru de 2,9 à 7,5%.

Pour le reste, l’article est une bien triste lecture. En gros, la stratégie menée jusqu’ici ne marche pas (had limited success), les forces contraires sont trop grandes. Les zones protégées sont mal distribuées et insuffisamment protégées. 

Pour faire mieux, il est proposé d’étendre la politique de la conservation par zone (ECM : effective area-based conservation measures) basée sur des régions strictement définies en lieu et fonctions par ce qu’ils appellent OECM (other ECM) ! Si j’ai bien compris, il s’agit de faire appel à tout ce qui peut être fait localement à travers les efforts de la gouvernance et la force de la population locale. En d’autres termes, il est constaté que ce n’est pas la CBD qui va sauver la vie sur Terre, mais ce sont les efforts de tous, divers et partout qui deviendront vraiment efficaces s’ils peuvent être mieux coordonnés.

Maxwell, S. L., Cazalis, V., Dudley, N., Hoffmann, M., Rodrigues, A. S. L., Stolton, S., . . . Watson, J. E. M. (2020). Area-based conservation in the twenty-first century. Nature, 586(7828), 217-227.

15.10.20 Nature 586, 7829

SCIENCE, POLITIQUE

-169-70, 190-194. Un éditorial  Il faut voter pour Joe Biden.

Un scientifique s’attache à la science et à la rigueur ; il rejette toute émotion et se garde bien de toute position politique. Un journal scientifique suit cette sage avenue. Telle est la doxa de la « Science » farouchement cultivée depuis 1660 (Fondation de la Royal Society) par la grande majorité des scientifiques.

Il arrive toutefois que « trop, c’est trop » et Nature, cette semaine, pour la première fois dans son histoire, prend position contre un candidat à une fonction politique. La vie sur Terre, comme aussi la science, sont attaquées comme jamais. Les scientifiques commencent à se rendre compte qu’ils doivent aussi être citoyens. Il est temps. 

Why Nature supports Joe Biden for US president. (2020). Nature, 586(7829), 335.

SUPRACONDUCTIVITÉ, TEMPÉRATURE DE CHAMBRE, HAUTE PRESSION.

-349, 373 – 377. Supraconductivité à température de chambre dans un hydrure de sulfure carboné. 

L’association suisse des garagistes s’est mise avec l’UDC contre la loi sur le CO2. Ils ont bien vu. Avec cette loi, la transition vers les voitures électriques va s’accélérer. Que fait le garagiste avec une voiture où rien ne brûle et ou le moteur a si peu de pièces qui ne tombe jamais en panne ? L’horreur, quoi ! C’est vrai, pour ce qui concerne l’énergie, l’électricité est ce qu’il y a de mieux. Ce serait encore mieux s’il ne fallait pas la transporter à grand prix dans des câbles qui chauffent. Conséquemment, le kWh que je paie à la maison facture presque autant pour le transport que pour la production. 

Pourtant, il existe un phénomène qui pourrait apporter LA solution. Il s’agit de la supraconductivité, cet état de la matière dans lequel la résistance électrique est nulle – vraiment nulle, pas presque nulle. Le problème, c’est que, dans son principe même, la supraconductivité, telle qu’elle fut découverte par Onnes en 1911, n’existe qu’à très, très basse température. En 1986, dans un laboratoire IBM près de Zürich, Müller et Bednorz découvrent une autre forme de supraconductivité qui se préserve à plus haute température. Malheureusement, les spécialistes comprennent très mal comment cette supraconductivité à haute température peut fonctionner. Une chose est sûre, les matériaux offrant cette propriété sont structurellement très compliqués. Très compliquée est donc aussi la recherche avec ces matériaux. Pour ceux qui y sont impliqués, le Graal serait la supraconductivité à température de chambre. Imaginez, un fil supraconducteur ajouté à n’importe quel câble de fibre optique qui transporterait sans perte l’énergie à côté des bits informatiques ! C’est dire si la recherche d’un supraconducteur à température de chambre est attrayante. 

Et voilà, c’est fait, 13°C !

Seul problème, la substance se fabrique en imbriquant du sulfure, du carbone et de l’hydrogène à très haute pression. Le résultat annoncé a été obtenu à 2,6 millions d’atmosphères, bien plus que la pression au centre de la Terre. 

Voilà qui va quand même stimuler l’enthousiasme des chercheurs de la spécialité, mais pour l’usage pratique et quotidien, il va falloir attendre encore un peu.   

Castelvecchi, D. (2020). First room-temperature superconductor excites – and baffles – scientists. Nature, 586(7829), 349.

Snider, E., Dasenbrock-Gammon, N., McBride, R., Debessai, M., Vindana, H., Vencatasamy, K., . . . Dias, R. P. (2020). Room-temperature superconductivity in a carbonaceous sulfur hydride. Nature, 586(7829), 373-377.

TIAN , TRAITÉ, ARME NUCLÉAIRE.
Le 25 octobre, le Honduras est devenu le cinquantième État à avoir ratifié le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), ce qui va permettre au traité d’entrer en vigueur dans un délai de nonante jours. On serait tenté de dire que le combat de l’Ican (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons, prix Nobel 2017) a trouvé sa conclusion. En vérité, il ne fait que commencer.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Traité_sur_l%27interdiction_des_armes_nucléaires

22.10. 20. Nature 586, 7830

Une flopée d’articles sur le COVID-19 et sur les très nombreux vaccins en préparation. 

C’est fou, la quantité de choses qui progressent autour du Coviud-19 et sa pandémie, mais les problèmes restants sont vraiment considérables. J’abandonne l’idée d’en faire une synthèse. En étant un peu sélectif, on peut dire que la grande presse le fait bien et vite. Je me réjouis quand même de l’importance des données que la cryomicroscopie électronique apporte à ces recherches.

29.10.20 Nature 586, 7831

ASTRONOMIE, COMÈTE, 67P, ROSETTA, PHILAE

-675-6, 697-701. Les mystères de la comète, ou l’amusante histoire d’une expérience ratée dont le ratage même devient le succès.

Mettre un satellite autour de la Terre – facile, c’est tout droit. Atteindre les planètes éloignées est compliqué, car il faut que la sonde soit poussée au passage de planètes moins éloignées. Cela nécessite du temps et un rien d’ajustement en chemin, mais, de planète en planète, les jeux sont relativement harmonieux. Il n’en va pas de même avec les comètes qui arrivent aléatoirement du fin fond du système solaire où elles traînaient depuis sa formation il y a plus de 4 milliards d’années. Quand elles arrivent chez nous, les comètes vont vite et dans n’importe quelle direction. De plus, elles sont petites, c’est-à-dire que la force d’attraction n’est pas bien grande. La sonde Rosetta a mis 10 ans avant d’atteindre la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko en 2014  et s’y mettre en orbite, doucement, car tout ce qui bouge à plus de quelques dizaines de cm par seconde passe et n’y revient jamais. (À la surface de la Terre, la vitesse de libération est de 11km/sec.) Une fois sur place, ayant bien repéré un emplacement à peu près plat, la sonde Philae est descendue, doucement pour se poser et s’accrocher à l’endroit choisi. Zut, ça n’a pas marché. Le grappin d’accrochage n’a pas fonctionné, Philae a rebondi, et, pouf, pouf, pouf, après deux heures de quelques ressauts incontrôlés, la sonde a été se perdre dans une sombre crevasse où elle a encore fonctionné le temps que sa batterie se décharge. Dommage ! Mission à peu près échouée.

Eh bien non ! Alors que Philae était perdue là en bas, là en haut, Rosetta  continuait sa tranquille ronde autour de 67P et les courageux membres de la mission n’ont pas capitulé. Ils se sont dit que cet objet de 100kg doit laisser des traces en tombant et ressautant sur la boule de neige sale qu’on imagine être la comète. À force de patience, ils ont trouvé Philae dans sa crevasse et ils ont pu identifier exactement les points de rebonds. À l’analyse, ceux-ci se sont révélés beaucoup plus intéressants que le site d’atterrissage raté sur un emplacement choisi pour être sans problème. Lors du 2e rebond, par exemple, Philae a râpé la surface d’une sorte d’arrête et y a laissé une profonde cicatrice. Connaissant la trajectoire, la vitesse et le poids de l’objet, les caractéristiques mécaniques de la surface ont pu être déterminées. Elle n’est pas solide; elle est moins ferme que la plus légère des neiges ou la mousse du plus léger des capucinos. Eh oui, si la Terre est ferme et solide, c’est parce qu’elle s’est tassée sous l’effet de sa propre gravitation et de sa dynamique thermiques au cours des 4,5 milliards d’années de sa vie. Rien de tel pour l’agrégat originel 67. Prochaine étape : aller y chercher un échantillon que l’on puisse étudier dans nos laboratoires. Le prélèvement sera difficile, faute de pouvoir s’appuyer sur quelque chose d’un peu solide.

O’Rourke, L., Heinisch, P., Blum, J., Fornasier, S., Filacchione, G., Van Hoang, H., . . . Sierks, H. (2020). The Philae lander reveals low-strength primitive ice inside cometary boulders. Nature, 586(7831), 697-701. doi:10.1038/s41586-020-2834-3

L’actualité sci. de Jacques en septembre 2020

J’espère que ce maigre envoi ne marque pas la fin de mes rapports mensuels parce qu’il est tellement fascinant de suivre la marche de la connaissance.

Par exemple, je vous ai souvent parlé ces derniers temps des extraordinaires phénomènes liés à la physique à deux dimensions – les films de graphène en particulier. J’entendais l’autre jour la rumeur d’un moteur étrange dont le principe serait le suivant. Le mouvement brownien est la forme ultime de la dégénérescence de l’énergie. Dans un volume (trois dimensions), chaque particule porte trois unités d’énergie thermique (3 x1/2 x kT). On ne peut rien en tirer. Quelle est l’énergie du mouvement brownien dans un film de graphène ? 2 x 1/2 x kT, j’imagine. Une rumeur court qu’il serait possible de faire couler l’énergie du mouvement brownien 3-dimensionnel dans un système à 2 dimensions, libérant ainsi ½ x kT pour faire quelque chose. 

Je serais bien triste de ne plus trouver le temps et les éclaircissements qui me permettent de découvrir la suite de cette aventure – et de bien d’autres.

Pourtant l’état de la vie et du climat m’inquiète beaucoup. Récemment, avec un ami, nous concluions un projet d’article sur l’origine de l’échauffement climatique en remarquant que le fond du problème réside dans la croissance de la consommation des combustibles fossiles. C’est cette croissance qu’il faut comprendre. La réponse se cache sans doute dans notre système économique et dans la nature humaine. C’est plus compliqué que le graphène et j’y suis bien moins à l’aise.

Pourtant, je m’efforce d’y faire quelques progrès.

C’est, principalement, pour cette raison que mes rapports scientifiques maigrissent dangereusement. Je n’ai quand même pas l’intention de les abandonner.

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Actualité scientifique de Jacques, 1ere semaine de mars

Bonjour,

Prenez bien soin de vous et de la distance.
Nous le faisons, cachés à la montagne, apprenant à vivre nos journées autrement.
J’y trouve un peu plus de place pour mettre à jour mes rapports de lectures.
Le premier se rapporte au no. de Nature du 5 mars.

On y trouve deux articles importants.
L’un montre combien les pays du Monde, la Suisse parmi eux, ne respectent pas leurs promesses de réduction des émissions du CO2. Conclusion: c’est dramatique – avec une lumière d’espoir toutefois.
L’autre étudie le puits de C qu’offrent les forêts tropicales. Zut, elles ne se portent pas bien!  Pas bien du tout en ce qui concerne la forêt amazonienne -, et ceci sans compter l’effet de la déforestation.

J’ajoute un troisième sur les étoiles à neutrons parce que cette matière hyperconcentrée dilate l’imagination de ceux qui prennent le temps de s’en étonner.

Plaisante lecture pour le 3e, courage pour les deux autres.
05.03.20. Nature 579, 7797
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L’actualité scientifique de Jacques en février 2020 +

Je vous conseille en particulier les chapitres suivants.

–    Enfin une application de la cryomicroscopie électronique dont chacun verra l’intérêt. Il s’agit de la structure moléculaire du spicule du virus Corona,  son organe d’attaque. Science du 23 févr.

–        La dernière époque glacière a eu lien entre -100’000 et -10’000 ans. À l’origine de cet énorme phénomène, il n’y a peut-être qu’un changement du régime de la végétation terrestre qui aurait induit toute une cascade de conséquences dont la plus importante fut de retirer, pendant quelques dizaines de milliers d’années, 200 GT de CO2 de l’atmosphère. Aujourd’hui, on en ajoute cette quantité en 5 ans. Nature du 23 févr.

–        J’avais préparé pour Le Temps un article montrant que la maîtrise de la pandémie Covid-19 est dans nos mains à condition que l’État joue son rôle. Le lendemain, le Conseil fédéral a enfin pris le taureau par les cornes… et rendu mon article obsolète. Je vous le propose quand même. Continuer la lecture de L’actualité scientifique de Jacques en février 2020 +

Petites lectures scientifiques de Jacques en déc. 2019 et janv. 2020.

Le rapport des lectures scientifiques de Jacques s’amenuise. Ce n’est pas que mes journaux perdent leur contenu, c’est que les livres de Stephane Foucart m’occupent – réservez la date du 7 mai pour sa conférence – et que je continue à faire mon cinéma.
J’attire quand même votre attention sur les deux § de décembre concernant les dangers que font courir les nouvelles technologies à la liberté et l’indépendance individuelle.
Le rapport de janvier pose une bonne question: durant ces 30 dernières années, les delta marins des fleuves ont ils plutôt grandi ou diminué? Vous allez être surpris.

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Les lectures scientifiques de Jacques en novembre 2019

D’abord, un grand merci à François Rothen qui m’a fait remarquer que les équations de la page 4 du mois passé, concernant les travers de l’économie libérale, étaient fausses. Heureusement, cela ne change en rien l’argument de l’article. Les équations corrigées sont à la fin de ce rapport.

Je vous suggère une attention particulière
– à l’article concernant l’incapacité dans laquelle se trouve actuellement l’économie californienne de faire face aux incendies de forêt (p. 3). Est-ce une prémonition du chaos que risque de produire la continuation de la crise climatique ?
– à celui analysant les possibles points de rupture dans l’évolution future du climat (p.4).
Excusez, il n’y a pas de quoi rire ici.
Par contre, la détection d’un oiseau rare, simplement en analysant l’ADN qui reste à traîner dans la marre où il s’est baigné, est plutôt sympathique.

Bonne lecture, Continuer la lecture de Les lectures scientifiques de Jacques en novembre 2019

Les lectures scientifiques de Jacques autour de octobre 2019

Ce mois, je relève en particulier les deux sujets suivants.

On le dit partout, la vie se meurt et les espèces disparaissent, mais qu’en sait-on en fait ?
On est assez bien informé de la catastrophe globale qui frappe les grands mammifères. On a aussi quelques chiffres sérieux – quoique très partiels – sur les oiseaux.
Mais qu’en est-il des millions d’espèces de tous ordres qui forment l’arbre de la vie ? La donnée classique pour les insectes, c’est que le par-brise des autos n’est plus constamment souillé de moucherons écrasés. Nous avons besoin de mieux. C’est important.
Dans le rapport ci-joint, on parle d’un labo ce l’EPFZ qui veut que ça change (Nature du 26.10, p 478).
Plus convaincantes sont les deux études allemandes qui rapportent les comptages de larges populations d’insectes durant 27 et 10 ans respectivement. (31.10, p 641 et 671)
Mauvaise nouvelle: en 1/4 de siècle, la masse d’insectes a diminué de 3/4. Dans les régions agricoles, c’est 3/4 en 10 ans. Ça ne peut pas continuer !

Le deuxième fait est plus rigolo. Auqu’un d’entre nous ne croît à la pseudo vertu de la main invisible d’Adam Smith, sensée assurer la juste répartition des biens à tout le monde.
Ici, il est montré que la symétrie d’un contrat se casse naturellement par la statistique des grands nombres de telle sorte que, à terme, ceux qui ont le plus prennent « automatiquement » l’avantage sur ceux qui on le moins.
Laissez-vous convaincre par l’arithmétique de cette évolution. C’est facile! Par contre, la raison profonde de ce phénomène systémique n’a rien de trivial.

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Actualité scientifique partielle de Jacques en septembre 2019

ATTENTION, C’EST LE TOUT DERNIER MOMENT POUR ALLER VOTER.
SI VOUS NE L’AVEZ PAS FAIT, FAITES-LE. JE VOUS EN PRIE INSTAMMENT.

Chères amies (on reprend la vieille tradition du féminin par défaut)

Aujourd’hui, 13 octobre, je reçois d’un coup la livraison tardive de 3 numéros de Nature, dont celui du 5 septembre.
Le temps de les lire et de rédiger mes petits rapports, on aurait septembre en novembre.
Sans attendre, je vous envoie donc ce que j’ai déjà.
En particulier, j’attire votre attention sur:
– le joli article par mon voisin de bureau Alexandre Roulin à propos de l’effet de la Lune dans le succès de la chasse des chouettes effraie.
– une étude sociologique sur ce qu’ils appellent les « réseaux de la haine » sur la toile. J’y ajoute un commentaire et beaucoup de références (de Avaaz) à propos des attaques contre Greta Thunberg.
Pour ce dernier sujet, je ne vous souhaite pas une joyeuse lecture ; il pue. Continuer la lecture de Actualité scientifique partielle de Jacques en septembre 2019

Actualité scientifique de Jacques en août 2019

En particulier j’attire votre attention sur
– un article du 8.8. qui rapporte 27 ans de mesures quantitatives des insectes volant en Allemagne.
En résumé, il y en a aujourd’hui 80% de moins.
– article du 15.8 qui détermine combien les diverses installations construites, en construction ou planifiées pour brûler des hydrocarbures dans le monde vont produire de CO2 si elles fonctionnent normalement durant leur durée de vie attendue par les exploitants. Réponse :  « beaucoup trop ». Pour tenir les 1.5° que l’on dit supportables, il va falloir que les industriels du pétrole et du gaz naturel démolissent leurs avoirs.
On comprend que Ueli Maurer, président de la confédération, s’engage dans son récent discours à l’ONU pour que le monde ne se presse pas vers la sortie du C; Albert Rösti, président de son parti UDC,  est aussi président de Swissoil. 

 

01.08.2019 Nature 572,7767

-11. This week.

CLIMAT, TEMPÉRATURE, RECORD, EUROPE, INDE. Tous

Double série de records de température en Europe en moins d’un mois. 38,7°C en Angleterre, 46°C en France (record battu de 1,9°, bravo !). Tout ça, de la rigolade à côté des plus de 50° pendant plusieurs semaines le mois passé en Inde et les 55° mesurés au Kuwait et au Pakistan l’an passé (3e plus haute température officiellement mesurée). Bravo aussi !

 

-15, Heidi Ledford, News

INGENIERING GÉNÉTIQUE, CRISPPR, RÉGULATION UE, Les biologistes.

OGM : on n’est pas hors de l’auberge.

Dans la Communauté européenne, tous les produits de consommation génétiquement modifiés sont soumis à une réglementation bien plus sévère que les produits non génétiquement modifiés. Jusqu’ici, il était relativement facile de distinguer un OGM d’un organisme produit par les méthodes standard de sélection parce que les manipulations impliquaient de relativement gros morceaux d’ADN transférés ou modifiés. Ils étaient vite et précisément détectés par les méthodes standard d’amplifications des fragments d’ADN.

Avec CRISPR, tout change. Il se peut, par exemple, que le nouvel organisme soit obtenu en changeant une seule base (une lettre de l’ADN), juste au bon endroit. Comment savoir ce qui a été changé parmi les mutations naturelles qui arrivent, comme ça, par hasard ? On ne le verra que si on sait où regarder. Les firmes ne sont pas prêtes à communiquer leurs petits secrets.

Les Américains ont trouvé leur solution. Les « OGM » obtenus par modifications génétiques ciblées grâce à CISPR, ou avec des outils semblables, ne sont pas des OGM. Les Européens restent à la définition classique et ne savent plus comment faire.

Nous avons déjà discuté l’arrivée prévisible de ce problème. La solution consisterait à ne pas se préoccuper de la façon par laquelle la modification est obtenue, mais seulement de ce qui est obtenu.

 

Ledford, H. (2019). CRISPR conundrum: Strict European court ruling leaves food-testing labs without a plan. Nature, 572(7767), 15. Retrieved from https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31363192. doi:10.1038/d41586-019-02162-x

 

-35-36 (commentaire), 51 – 55, Toll et coll.

CLIMAT, POLLUTION, AEROSOL, NUAGE, EAU, RÉFLECTANCE, GEOINGENIERING. .  Com sci. GPclim, un peu indigeste. Ernst Zürcher qui décrit l’augmentation de la couverture nuageuse au-dessus des forêts pourrait être intéressé.

L’effet de la pollution sur la réflectivité des nuages ; nombre et dimensions des gouttes d’eau.

Les microparticules de la pollution favorisent la formation des gouttes d’eau. De ce fait, la dimension des gouttes dans un nuage pollué est plus petite que dans un nuage propre. Conséquemment, la réflectance est plus élevée; le flux solaire est mieux renvoyé dans l’espace. Ainsi fonctionne l’effet refroidisseur de la pollution. On dit que, sans cet effet, l’échauffement climatique actuel de 0,9°C serait de 1,1 ou 1,2°C. Les géoingénieurs aiment ça. Ils imaginent un bel avenir pour lur profession. Nous, nous n’aimons pas.

Autre phénomène découvert et documenté dans le cadre de cette étude (mais non expliqué), la concentration en vapeur d’eau est plus petite dans une plume de pollution (typiquement dans le nuage de microparticules issu d’une centrale thermique) que dans l’air non pollué.

Les deux phénomènes (dimension des gouttes et concentration de vapeur d’eau) ont un effet opposé sur la réflectance. Comment se compensent-ils ?

La réponse donnée ici est que la réflectance est d’abord déterminée par la dimension des gouttes. Son augmentation par la pollution n’est compensée que pour 1/4 par la relative sécheresse des plumes de pollution.

Bref, on en reste à peu près où on en était; la pollution par les microparticules reste un facteur de refroidissement du climat, juste un peu moins fort qu’on le pensait précédemment.

 

Toll, V., Christensen, M., Quaas, J., & Bellouin, N. (2019). Weak average liquid-cloud-water response to anthropogenic aerosols. Nature, 572(7767), 51-55. Retrieved from https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31367029. doi:https://doi.org/10.1038/s41586-019-1423-9

 

 

08.08.2019, Nature 272, 7768

-194-198 ÉCOLOGIE, CONSERVATION, ZOOLOGIE, les biologistes.

Estimation globale de l’abondance des nématodes.

On entend toutes sortes de chiffres concernant la proportion des êtres vivants qui disparaissent. C’est important, j’en sais peu, je vais veiller à en apprendre davantage. Une chose est sûre : pour la plupart des espèces, on ne sait pas grand-chose. La présente étude n’apporte pas de réponse, mais servira de base pour suivre l’évolution future d’un groupe d’espèce important et typique de notre ignorance actuelle. Il s’agit des nématodes, des vers dont la plupart sont microscopiques, mais qui jouent un rôle essentiel dans la dynamique des sols. Les auteurs les ont comptés en 6759 endroits du monde. Le résultat est que leur masse totale (0.3Gt) représente à peu près 60% de la masse des humains. De la carte de densité ainsi établie, il ressort que c’est au grand-Nord  (Alaska, Canada, Sibérie) qu’ils sont le plus abondants.
Autre conclusion à tirer : si l’on a d’assez bonnes idées sur la façon dont le climat évolue, on répond de manière fort lacunaire à la même question concernant la biodiversité. Ce ne sont pas les 70 auteurs de cet article qui diront le contraire. Je cite souvent l’observation que, quand j’étais jeune, le par brise de la voiture était rapidement souillé d’insectes alors qu’aujourd’hui, les vitres restent pratiquement propres. Je vais essayer d’y voir plus clair: voir § ci-dessous.

 

van den Hoogen, J., Geisen, S., Routh, D., Ferris, H., Traunspurger, W., Wardle, D. A., . . . Crowther, T. W. (2019). Soil nematode abundance and functional group composition at a global scale. Nature, 572(7768), 194-198. Retrieved from https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31341281. doi:10.1038/s41586-019-1418-6

 

ÉCOLOGIE, CONSERVATION, ZOOLOGIE, INSECTES. Tous

Suite du § précédent. Un article de PloS ONE que m’indique Ted concernant la  diminution des insectes en Allemangne.

Durant 27 ans, à l’aide de la trappe standard utilisée par les entomologistes, ce consortium de laboratoires récolte les insectes volants près du sol (1m) dans 63 sites protégés d’Allemagne. Conclusion: durant cette période, la biomasse des insectes capturés à diminué de ¾ en moyenne annuelle et 82% à mi-été.

 

Hallmann, C. A., Sorg, M., Jongejans, E., Siepel, H., Hofland, N., Schwan, H., . . . de Kroon, H. (2017). More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas. PloS ONE, 12(10), e0185809. Retrieved from https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29045418. doi:10.1371/journal.pone.0185809

 

15.08.2019, Nature 272, 7769

373 – 377.  ÉNEGIE, CO2, 1.5°C, GPclim, com. sci.

Les émissions par les infrastructures énergétiques existantes, en construction ou planifiées ne permettront pas d’atteindre le but des 1.5°C. Tong et al.

Nous l’avons vu le mois passé, la quantité de CO2 que l’on pourrait  encore déverser dans l’atmosphère pour avoir 50% de chance de tenir les 1.5°C est de 480 Gt. Pour 2°C ce serait 1400 Gt. Au rythme actuel de 40 Gt/années, il reste peu de temps.

Dans le présent article, les auteurs considèrent les centrales thermiques existantes, celles en construction et celles dont la construction est décidée. En tenant compte des pratiques actuelles d’exploitation, ils déterminent la quantité de CO2 que ces centrales nous promettent.

Centrales déjà construites. 660 Gt

Centrales en construction ou proposées : 190Gt.

Conclusion : À elle seule, l’exploitation standard des centrales existantes nous fera probablement dépasser les 1.5°. Pour tenir les promesses de Paris, il faut fermer beaucoup de centrales existantes et ne pas en construire de nouvelles. On voit du même coup combien la recherche de nouvelles sources de gaz et d’hydrocarbure est criminelle.

La figure ci-dessous indique la production annuelle que l’on peut attendre des centrales actuellement existantes (foncées) et de celles actuellement prévues (clair). À gauche, les données se rapportent au type d’utilisation, à droite aux pays producteurs.

On note que, dans ce scénario, la Chine compte pour 41% ; les USA pour 9% et l’EU pour 7%. Aïe, ils sont fous les Chinois ; c’est eux qu’il faut secouer.

 

Tong, D., Zhang, Q., Zheng, Y., Caldeira, K., Shearer, C., Hong, C., . . . Davis, S. J. (2019). Committed emissions from existing energy infrastructure jeopardize 1.5 degrees C climate target. Nature, 572(7769), 373-377. Retrieved from https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31261374. doi:10.1038/s41586-019-1364-3

 

22.08.2019, Nature 272, 7770

442-3, 520-523. INCENDIE, FORÊT BORÉALE, CO2. GPclim, com. sci.

L’augmentation des incendies de forêts boréales compromet leur capacité à fixer le CO2.

On parle beaucoup des incendies dans les forêts tropicales et de la folle politique du président du Brésil Bolsonaro. Le présent article montre que les incendies dans les forêts boréales sont peut-être encore plus menaçants.

Le sol des forêts « minérales » dans les zones tropicales ou tempérées est relativement pauvre. La matière organique se trouve plutôt dans les arbres que dans le sol. Le sol des forêts boréales humides (Canada, Sibérie) se rapproche généralement de celui d’une tourbière riche en matière organique. Globalement, il contient 30 -40% du carbone terrestre. La productivité de ces forêts tient au cycle des incendies qui est typiquement de 70 – 200 ans (temps de retour du feu t.) Normalement ces incendies brûlent la végétation, mais n’attaquent pas profondément la masse du carbone enfoui (hérité). Toutefois, lorsque les incendies se succèdent trop rapidement le carbone du sol est également emporté par l’incendie.

Dans le présent article, les auteurs analysent – en particulier par datation du carbone radioactif – l’histoire détaillée du sol de la forêt tropicale façonnée par les incendies. Ils concluent que si les incendies se développent comme on l’a vu ces dernières années, non seulement cette forêt ne sera plus un puits de carbone comme elle le fut jusqu’ici, mais l’immense quantité de carbone enfouie dans le sol de la forêt contribuera à augmenter le déversement du CO2 dans l’atmosphère.

Selon les données du GIEC que Markus Noll compile attentivement, l’élévation de la température est encore proportionnelle à l’élévation de la concentration de CO2. Ceci veut dire que, pour le moment, on n’observe pas de rétroaction non linéaire qui indiquerait que le système est en train de devenir chaotique. Pour combien de temps encore ?

 

Walker, X. J., Baltzer, J. L., Cumming, S. G., Day, N. J., Ebert, C., Goetz, S., . . . Mack, M. C. (2019). Increasing wildfires threaten historic carbon sink of boreal forest soils. Nature, 572(7770), 520-523. Retrieved from https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31435055. doi:10.1038/s41586-019-1474-y

 

29.08.2019, Nature 272, 7771

-565. RECONNAISSANCE FACIALE, POLITIQUE. IA. Tous

Il faut interdire l’usage de la reconnaissance faciale tant qu’elle n’est pas régulée. Kate Crawford, éditoriale

Résumé : ces outils sont dangereux quand ils ne marchent pas et néfastes quand ils marchent.

 

442-3, 520-523. INCENDIE, FORÊT TROPICALE, CO2. GPclim, com. sci.

Les incendies de la forêt amazonienne jusqu’en août de cette année.

L’actualité scientifique de Jacques en juin (très peu) et en juillet 2019

Bonjour,
Le 20 octobre auront lieu les élections au parlement fédéral. C’est la chance à ne pas louper d’avoir un gouvernement à la hauteur du défi climatique auquel on n’échappera pas.
Remplissez la chartre et préparez-vous à aller voter.

 

Le soleil est la voie royale pour l’énergie durable et abondante. Le sujet m’intéresse et je ne manque pas les occasions d’y voir encore plus clair.
Si vous voulez venir avec moi, vous trouverez ici plusieurs articles propres à élargir ses connaissances sur les progrès techniques en cours. (Nature du 20.6; 04.07). Ils s’adressent plutôt à ceux qui disposent d’un certain bagage en physique.
Dans le no. du 11.7,
– suivez les développements légaux autour de la responsabilité de l’État dans les évènements climatiques extrêmes.
– et suivez aussi la saga des thérapies contre le vieillissement – ce n’est qu’un début.
Le no. du 25 juillet apporte un coup de vieux de 160’000 ans à nos ancêtres sapiens européens.
Vous trouverez enfin une discussion du livre: Reich, D. (2018).Who we are and how we got here. Ancient DNA and the new science of the human past.(V. Books Ed.).
Parmi les résultats qu’apporte en avalanche la génétique des populations, je ne relève que le cas de la société indienne. Il ne devrait pas prendre au dépourvu ceux qui ont lu Bronkhorst.

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