Au pied du mur

Il y a 50 ans, jour pour jour, le premier octobre 1972, les époux Meadows publiaient pour le compte du Club de Rome, la fameuse analyse intitulée « Les limites à la croissance ». Ils affirmaient que notre société de consommation effrénée courrait à la catastrophe ; dans 50 ans elle s’écrasera contre le mur. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_limites_à_la_croissance.

Aujourd’hui, nous y sommes.

Meadows, le climat en folie, la vie qui meurt, les crises économiques à répétitions, les nations qui s’entre-tuent, la pauvreté, la faim, la mort, on croyait pouvoir attendre. Eh bien non, c’est raté. La catastrophe annoncée est là, ici et maintenant.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais moi, avec Greta Thunberg, je panique.

Pas tant à cause du climat, de la vie qui meurt et de toutes ces horreurs énumérées au paragraphe précédent. Non, je panique parce que nous ne faisons rien pour les éviter. Si nous nous y étions pris, il y a 50 ans, avec les époux Meadows, le monde aurait trouvé des solutions.  Maintenant, trop tard, il faut faire avec.

Tout le monde est inquiet. En grande hâte les dirigeants élaborent leurs plans. Ainsi, les Allemands viennent d’accorder soixante-cinq milliards pour adoucir le choc. C’est la méthode du chirurgien qui prescrit des antidouleurs alors qu’il faudrait éradiquer l’origine du mal qui progresse.  Chez nous, jusqu’à présent, je ne vois même pas les calmants.

Il est vrai que, avec un peu de chance, si l’automne reste bien humide, si l’hiver n’est pas trop froid et si nos voisins européens acceptent quelques généreux payements, nous pourrons, peut-être, nous en sortir à moindre mal … jusqu’à l’hiver suivant. Apparemment, chez nous, on aime bien faire ce pari.

Bien sûr il est bon d’amortir le choc. Là-dessus, nous n’allons pas mégoter, mais, de grâce, cessons de faire semblant de faire et mettons-nous au boulot, pour de vrai. Ne disons pas qu’il est trop tard et que la tâche est trop grande alors que nous n’avons même pas essayé.

Écho à cette dernière phrase, j’entends déjà des protestations. Par exemple « …mais nous faisons !» Allez-donc ! Avec quelques raisons, la Suisse avait ratifié les décisions de la COP21 de 2015 qui veulent que l’échauffement global ne dépasse pas 2°C, si possible 1,5°. Comme la Suisse ne s’est pas mise au travail, l’Initiative des glaciers est venue exiger que notre pays fasse vraiment ce qu’il a promis, c’est-à-dire, d’abord, cesser de produire des gaz à effet de serre (GES). En principe, le parlement est d’accord. En prenant son temps, il propose un contre-projet qui reprend essentiellement les demandes de l’initiative. L’UDC s’y oppose. Il faudra encore lutter, voter et, dans 2 ans peut-être, si tout va bien, nous aurons une base légale pour nous mettre au travail, presque 10 ans après avoir rallié l’accord de Paris.

Autre rengaine : « Nous suisses, représentons 0,1% de la population mondiale. Pourquoi s’exciter ? ». Étrange aveuglement au moment où la crise mondiale frappe partout. Ces ahuris ferment-ils les yeux sur la crise de l’énergie et le vacillement des circuits d’acquisition de produits alimentaires et des matières premières industrielles auxquelles il faut d’urgence trouver des solutions, ici, chez nous – mais en commun avec les autres ? Il semble que pour cet hiver, nos dirigeants commencent à le comprendre. Sont-ils capables de réfléchir à 2030, 2050, et aux siècles avenir ?

Aujourd’hui, parce que c’est le 50e anniversaire du rapport Meadows, je m’aventure à poser ces quelques éléments d’un diagnostic.  Mais qu’importe l’observation de la situation, ce qui nous intéresse, ce sont les voies qui pourraient conduire à un futur harmonieux et durable. J’ai quelques idées. Je me réjouis d’y revenir.