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Découverte; une conversation avec Gilles au bois de Grancy

Gilles conteste ma ferme séparation entre, d’une part, la découverte qui s’exprime au moment du “ah ah !”, quand on prend conscience de quelque chose de neuf et d’inattendu et, de l’autre, l’observation nouvelle, le “ça y est, j’y suis !”,  quand on a enfin vu le merle blanc recherché ou mis en évidence une nouvelle corrélation parmi ses données. Il soutient que le système de recherche actuelle gomme cette différence.

En fait, il apparaît que, en creusant, nous sommes d’accord, mais nos points de vue sont différents. Lui, a la vue systémique de son métier. Il analyse la recherche dans son ensemble. Il dénonce la tour d’ivoire dans laquelle s’isole le scientifique prétendant « faire sa propre recherche »; il voit le groupe, la collaboration, l’innovation, la coordination Européenne, Science 2.0. Il en voit aussi pas mal de faiblesses et de limites.  Moi, je suis centré sur la personne du chercheur et ses états d’âme. Je valorise mon prix Leenart, la créativité et l’imagination surprenante.  À l’opposé, je crains les « science deniers »: ceux qui rejettent l’effort personnel nécessaire à l’acquisition de nouveaux savoirs, ceux qui protègent leur image du monde de peur que leur être soit remis en cause, ceux qui n’ont pas le désir d’apprendre du neuf, ceux qui prétendent que la découverte n’existe que quand elle est communiquée, ceux qui se complaisent dans le pipeautage oratoire.

Mis ensemble, ces deux points de vue sont plus intéressants. Une fois de plus la promenade prouve son excellence.

Quelle éducation ?

Steven Ayrton m’envoie un article de « The New York Review » à méditer (20.11.2014, p. 25-27).
D. Ravitch. The myth of chinese super schools. À propos du livre de Yong Zhao, Jossey-Bass ed. « Who’s is afraid of the Big Bad Dragon ? Why China has the best and the worst education system in the world ». Zhao, chinois de naissance et d’éducation, est prof à l’Uni d’Oregon

Les Américains sont très mauvais dans PISA – la classification des performances des écoliers par pays ou régions. Les Chinois sont les meilleurs. Réponse des administrations US : plus de tests, plus de pression, plus de matière testable à apprendre très vite.
Notons que ce n’est pas seulement la réponse US, c’est tout le système du monde qui dérape. Tester, évaluer, performer, ingérer… on en nourrirait sans relâche les chèvres les brebis et les vaches, afin qu’au lieu de lait elles crachent, de l’or! (Gilles)

Analyse de Zhao : Le système chinois continue la tradition du keju (le système confucéen pour la sélection des fonctionnaires de l’État) basé sur l’apprentissage intensif par cœur sacrifiant toute créativité, pensée originale et individualisme. Les écoles chinoises et les universités ont adapté cette philosophie à notre temps de la manière la plus brutale. « Personne n’a la plus petite chance de recevoir un prix Nobel après avoir passé 12 ans d’éducation chinoise, même affinée dans une université étrangère, apportant ainsi la preuve de la capacité de l’éducation chinoise à détruire la créativité au nom de la société ». J’ai expérimenté cela avec «mes» Chinoises. Comme on le voit, les résultats sont bons pour rattraper le retard. Le système n’ouvrira pas la voie au leadeurship intellectuel et au développement à long terme.
Et chez nous, pour ceux qui craignent d’être dépassés par la Chine, quelle solution ? Éviter de faire comme eux.
Comme pour la contribution d’hier et d’avant-hier au blog, la conclusion se répète : c’est de l’intelligence dont nous avons besoin.

Recenssion : René Passet

René Passet. Les grandes représentations du monde et de l’économie à travers l’histoire.  LLL, 2010.
(Toujours sans bibliographie pour cause de blocage temporaire de l’application).

Pour mon Blog, semble-t-il, ce sont les femmes qui m’inspirent. Marianne m’avait obligé à clarifier qu’une métaphore, utile façon de s’exprimer, n’est pas un modèle qui lui se veut prédictif de la réalité. Laurée, au cours des étapes vers Genève, m’avait tenu au courant de ses progrès dans le gros bouquin de René Passet; 927 pages ; je les ai lues de la première à la dernière, démontrant ainsi tout l’intérêt que j’y ai trouvé. 
Ma synthèse : l’économie est trompeuse en voulant nous faire croire qu’elle est une science et Passet est ambigu dans ses métaphores scientifiques qu’il développe comme des modèles. Continuer la lecture de Recenssion : René Passet