Archives par mot-clé : réalité

Découverte; une conversation avec Gilles au bois de Grancy

Gilles conteste ma ferme séparation entre, d’une part, la découverte qui s’exprime au moment du “ah ah !”, quand on prend conscience de quelque chose de neuf et d’inattendu et, de l’autre, l’observation nouvelle, le “ça y est, j’y suis !”,  quand on a enfin vu le merle blanc recherché ou mis en évidence une nouvelle corrélation parmi ses données. Il soutient que le système de recherche actuelle gomme cette différence.

En fait, il apparaît que, en creusant, nous sommes d’accord, mais nos points de vue sont différents. Lui, a la vue systémique de son métier. Il analyse la recherche dans son ensemble. Il dénonce la tour d’ivoire dans laquelle s’isole le scientifique prétendant « faire sa propre recherche »; il voit le groupe, la collaboration, l’innovation, la coordination Européenne, Science 2.0. Il en voit aussi pas mal de faiblesses et de limites.  Moi, je suis centré sur la personne du chercheur et ses états d’âme. Je valorise mon prix Leenart, la créativité et l’imagination surprenante.  À l’opposé, je crains les « science deniers »: ceux qui rejettent l’effort personnel nécessaire à l’acquisition de nouveaux savoirs, ceux qui protègent leur image du monde de peur que leur être soit remis en cause, ceux qui n’ont pas le désir d’apprendre du neuf, ceux qui prétendent que la découverte n’existe que quand elle est communiquée, ceux qui se complaisent dans le pipeautage oratoire.

Mis ensemble, ces deux points de vue sont plus intéressants. Une fois de plus la promenade prouve son excellence.

Symétrie et récursion: Introduction

Le grand livre sur l’interdisciplinarité que prépare le groupe Π comprendra quelques chapitres sur les symétries. Ci-dessous, l’introduction au chapitre que je propose.

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Transcendance

Alison Jolly est morte le 6 février. Il est bon de se souvenir d’elle [1].
Figure 1
Alisson Jolly
Primatologiste remarquable, elle a mis en évidence, dès les années 60, chez les lémurs de Madagascar, une organisation sociale où les femelles sont dominantes. Avec son mari, économiste du développement, elle s’est engagée pour qu’il soit tenu comptes des populations locales et de leurs besoins spécifiques dans les politiques de développement durable. Avec lui, elle a aussi eu 4 enfants – et autant de petits-enfants – pour lesquels elle a écrit une collection d’histoires illustrées. Pas mal ! Ici nous voulons retenir une autre de ses contributions. À une époque où l’idée générale voulait que « l’outil fait l’homme », c’est elle qui, dès le début de son travail, a promu l’idée que la socialisation est le moteur de l’évolution humaine (Jolly 1999). L’idée vaut la peine d’être suivie. Résumé : Nous posons une hypothèse : l’émotion transcendantale est dans la nature humaine, comme l’est, par exemple, la compétence à acquérir le langage. Nous verrons : (i) l’origine évolutive de cette faculté; (ii) en quoi agit-elle ici et maintenant ; (iii) quelles conséquences devons-nous en tirer ? Continuer la lecture de Transcendance

Le réel et son image

D’une part, il y a le monde réel ; de l’autre, il y a l’image que nous nous en faisons.
Encore une fois, nous y revenons. Il le faut bien parce que, visiblement, nous sommes là sur un os. Il est apparu l’autre jour encore, lors de la conversation matinale avec Christine.  Elle se sentait offusquée par ma position sur l’éthique qui, selon moi, doit être fondée dans la réalité. Même chose au groupe ∏ où, avec Duteuil[1] (un rien revu) on pourrait croire que « ça n’est pas ce qu’on fait qui compte, c’est l’histoire, c’est l’histoire, la façon dont on la raconte, pour la faire savoir. » L’autre jour, avec François, la tension s’est montrée d’une façon peut-être plus abordable. Essayons ! Continuer la lecture de Le réel et son image