Archives mensuelles : février 2017

Trumperie

Gamin, Pipapa m’emmenait parfois à la patinoire de Montchoisi, voir jouer le LHC. Je n’aimais pas trop, mais je garde vivant le bruyant souvenir des spectateurs excités.

J’imagine un scénario pour donner un peu plus de peps à ce spectacle.

Il s’agit de valoriser la foule, et, pour cela, de désigner, par votation démocratique – c’est à dire par hurlement – le chef des spectateurs. Une fois ceci fait, tout le monde reprend la prestation, ainsi stimulée dans le nouveau format.

Fort de mon expérience ancienne, j’imagine assez bien la suite du spectacle.

Je comprends aussi mieux ce qui se passe aux USA.

Mishra, P. (2017). Age of Anger: A History of the Present. Allen Lane.

Courte recension dans Nature du 2.2.2017 (p. 29)

Je n’ai lu qu’une courte recension, mais l’idée me semble intéressante. Je la formule à ma façon.

Résumé:

Pourquoi notre époque est-elle politiquement tellement tumultueuse? Du temps de l’Indouhisme, il n’y avait pas de quoi penser politique. Le présent et l’avenir étaient scellés.

Mishra remarque que c’est avec les Lumière et la révolution industrielle qu’est venue l’idée de la liberté individuelle et, qu’elle est aussi mon affaire. Depuis, la philosophie et le discours sous toutes ses formes s’en sont gobergés, mais le gouffre entre la narration et la réalité est resté terriblement béant dans l’inéquité culturelle, socioéconomique et raciale,

Le problème actuel, c’est que le gouffre est devenu visible à tous. L’information, la mondialisation, le discours politique, la publicité, l’idée « je peux », le web qui m’y fait croire, tout y conjure.

Conséquence: Blocher, Trump, Brexit, la haine de l’occident.

J’ai bien envie de lire ce livre.

 

Note: Pankaj Mishra is an essayist and novelist. Born in 1969, he grew up in small towns in northern India and studied in Allahabad and New Delhi. On graduating, Mishra moved to Mashobra, a Himalayan village, where, he has said there was “nothing to do except read and write”. He contributes essays and reviews regularly to the New York Review of Books, the New Yorker and the London Review of Books. His books include the novel The Romantics (2000) and From the Ruins of Empire (2012), which was shortlisted for the Orwell prize. His latest, Age of Anger: A History of the Present, is published by Allen Lane this month. He divides his time between London and India. https://www.theguardian.com/culture/2017/jan/22/on-my-radar-pankaj-mishra-the-night-of-mountains-may-depart-aurelec-oj-made-america-bharatanatyam

T.S. Eliot. The Waste Land

…Go, go, go, said the bird: human kind
Cannot bear very much reality.
Time past and time future
What might have been and what has been
Point to one end, which is always present.

The Waste Land de T.S. Eliot, le poème que Larry a dû présenter à ses examens finaux. Une réflexion sur le temps et sur Héraclite. Pourtant, Eliot a quand-même eu besoin d’un point fixe. Il l’appelle Jésus. Tant pis, le poème parle en finesse mais peu de gens sont matérialiste.

Les scientifiques sont bornés, Mr Tout-le-monde l’est plus encore, mais il est multiple. À tous, leur responsabilité.

Balibar (Balibar, 2015), un excellent bouquin.

Global, et équilibré, il est pour moi ce qu’il y a de mieux comme base concise de réflexion sur le sujet de l’échauffement climatique. Une surprise toutefois, contrairement à toute la logique du bouquin, l’auteur est pronucléaire. C’est que M. Balibar est un homme de ce milieu.

Situation semblable avec les scientifiques de Gene drive[1]. Ils se donnent de la peine pour faire face au problème éthique et de sécurité que pose leur nouvelle technique. Ils en parlent et proposent le débat. Mais ils disent aussi que cette position ouverte est le seul moyen d’éviter que les politiciens et les mouvements publics leur prennent le contrôle de leur recherche.

Moralité, nous sommes biaisés par ce que nous sommes. Notre patrie est la meilleure.

Cela est vrai pour les scientifiques en général. Bien sûr, ils connaissent leur sujet mieux que personnes -en fait, ils sont les seuls à connaitre leur sujet -, mais ils en voient la beauté plus que les problèmes, surtout ceux qui pourraient interférer avec leur cher sujet.

Voilà pour la science.

Et puis il y a l’autre partenaire du couple : la société.

Qui peut corriger le biais scientifique. Qui, dans le couple science/société peut-être l’avocat de la société ?
– le peuple en votation populaire ? Aïe !
– la société civile ? Qui est-elle ? Le WWF ? Aïe !
– la politique ? Aïe !
– l’économie? Aïe !
– etc.

 

Avec 74 années d’exercice de vie, je constate que la représentation du monde que nous nous faisons, nous, les êtres humains, est étonnamment étroite. C’est fou ce que nous sommes bornés. Alors, même si la science est le domaine des scientifiques et si, parmi les humains, ceux-ci devaient avoir un avantage méthodologique, leur monde est quand même étroit. Dans le couple science/société, ils sont biaisés en faveur de la science. Il est dangereux de leur laisser la bride sur le cou.

Quant aux avocats de la société mentionnés ci-dessus, je les vois chacun pire encore.

 

Alors, on fait quoi ?

Ma réponse qui n’en est pas une est dans la ligne de P. Rosanvallon (Rosanvallon, 2011) : il nous faut amplifier la démocratie participative à tous les niveaux.

Le niveau dont j’espère le plus est celui des scientifiques eux-mêmes pour peu qu’ils portent activement leur propre responsabilité. Il faut les y pousser.

 

Voir sur mon blog les rapports récents :

– Nature 15.12,16. 326. Brevet de CRISPR/Cas9

– Science 16.09.16, 1211.

– Nature, 9.6.16, 153.

 

 

Balibar, S. (2015). Climat: y voir clair pour agir. Paris: Le Pommier.

Rosanvallon, P. (2011). La société des égaux (Vol. 1). Paris: Seuil.

[1] Gene drive est une procédure issue de la récente révolution biotechnologique induite par CRISPR/Cas9. Gene drive est spécial par le fait que, une fois l’ogm lancée, il n’est en principe plus possible de l’arrêté jusqu’au remplacement complet de l’espèce dont il est dérivé avec les conséquences écologiques que l’on imagine (un peu) et les possibilités de catastrophes par accident ou par malveillance que l’on n’ose pas imaginer.

Nature et autres lectures scientifiques de Jacques en janvier 2017

 

La livraison de ce mois contient peut-être quelques articles difficiles. Pourtant, plusieurs sont splendides. J’ai pris un plaisir particulier à ceux-ci:

19.01.17. Génomique des migrations humaines. On disait que nos méchants ancêtres ont éliminés, vite fait bien fait, leurs cousins néanderthaliens et denisovans. Ce n’est en tous cas pas complètement vrai. Ils ont au moins un peu frayés ensemble, peut-être même se sont-ils simplement mélangés. Nous en sommes les descendants, probablement à notre grand avantage.

26.01.17. Pour pusieurs d’entre nous, les bactériophage ont été une grande affaire. Nous avions aimé le « Genetic switch » de Ptashne qui montrait comment le bactériophage lambda choisit son parcours de vie. Ici, même problème, non pas au niveau de l’individu mais à celui de la population. Ensemble ils sont plus malins que tout seuls; leur truc est révélé.
26.01.17. Le fonctionnement du ribosome. Trois articles pour montrer comment le ribosome encrassé est débloqué. C’est de la chimie par cryo-microscopie électronique. Impressionnant!

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