Archives par mot-clé : modèle

Cryo-microscopie électronique 2014.

Il y a 33 ans, dans mon labo au EMBL, Alasdair McDowall montrait que l’eau pouvait être vitrifiée, c’est à dire immobilisée par le froid sans en changer la structure  (1). Pour la microscopie électronique, cette découverte ouvrait, en principe, la possibilité d’observer la matière vivante dans son milieu aqueux alors que, jusque-là, tous les spécimens étaient obligatoirement déshydratés, ce qui est fort fâcheux puisque l’eau est de loin le composant le plus abondant de la matière vivante.  Deux ans plus tard, le rêve était réalisé pour les suspensions, c’est-à-dire pour toutes les particules biologiques flottant en solution liquide, grâce à la méthode de vitrification en couche mince que quelques trucs étonnants de Marc Adrien avaient rendue possible(2). Aujourd’hui, ce sont plus de 1000 scientifiques qui en ont fait leur outil de travail. En même temps, nous mettions en chantier l’improbable projet CEMOVIS (le nom n’est venu que plus tard) destiné à étendre le potentiel de la vitrification  à des objets massifs tels que les tissus ou des organismes complexes. Hélas, aujourd’hui, les cemovistes se comptent encore sur les doigts (mains et pieds).

J’étais récemment à Barcelone, pour la Gordon Research Conference 3d-EM qui réunit toutes les années la crème des spécialistes de la cryo-microscopie électronique (cryo-me). On savait qu’il se passait des choses remarquables, mais, synthèse faite, une impression unanime ressort de cette conférence : la cryo-me semble en voie de produire une révolution en biologie structurale (0). De quoi il s’agit-il ? Continuer la lecture de Cryo-microscopie électronique 2014.

Transcendance

Alison Jolly est morte le 6 février. Il est bon de se souvenir d’elle [1].
Figure 1
Alisson Jolly
Primatologiste remarquable, elle a mis en évidence, dès les années 60, chez les lémurs de Madagascar, une organisation sociale où les femelles sont dominantes. Avec son mari, économiste du développement, elle s’est engagée pour qu’il soit tenu comptes des populations locales et de leurs besoins spécifiques dans les politiques de développement durable. Avec lui, elle a aussi eu 4 enfants – et autant de petits-enfants – pour lesquels elle a écrit une collection d’histoires illustrées. Pas mal ! Ici nous voulons retenir une autre de ses contributions. À une époque où l’idée générale voulait que « l’outil fait l’homme », c’est elle qui, dès le début de son travail, a promu l’idée que la socialisation est le moteur de l’évolution humaine (Jolly 1999). L’idée vaut la peine d’être suivie. Résumé : Nous posons une hypothèse : l’émotion transcendantale est dans la nature humaine, comme l’est, par exemple, la compétence à acquérir le langage. Nous verrons : (i) l’origine évolutive de cette faculté; (ii) en quoi agit-elle ici et maintenant ; (iii) quelles conséquences devons-nous en tirer ? Continuer la lecture de Transcendance

Le réel et son image

D’une part, il y a le monde réel ; de l’autre, il y a l’image que nous nous en faisons.
Encore une fois, nous y revenons. Il le faut bien parce que, visiblement, nous sommes là sur un os. Il est apparu l’autre jour encore, lors de la conversation matinale avec Christine.  Elle se sentait offusquée par ma position sur l’éthique qui, selon moi, doit être fondée dans la réalité. Même chose au groupe ∏ où, avec Duteuil[1] (un rien revu) on pourrait croire que « ça n’est pas ce qu’on fait qui compte, c’est l’histoire, c’est l’histoire, la façon dont on la raconte, pour la faire savoir. » L’autre jour, avec François, la tension s’est montrée d’une façon peut-être plus abordable. Essayons ! Continuer la lecture de Le réel et son image

Recenssion : René Passet

René Passet. Les grandes représentations du monde et de l’économie à travers l’histoire.  LLL, 2010.
(Toujours sans bibliographie pour cause de blocage temporaire de l’application).

Pour mon Blog, semble-t-il, ce sont les femmes qui m’inspirent. Marianne m’avait obligé à clarifier qu’une métaphore, utile façon de s’exprimer, n’est pas un modèle qui lui se veut prédictif de la réalité. Laurée, au cours des étapes vers Genève, m’avait tenu au courant de ses progrès dans le gros bouquin de René Passet; 927 pages ; je les ai lues de la première à la dernière, démontrant ainsi tout l’intérêt que j’y ai trouvé. 
Ma synthèse : l’économie est trompeuse en voulant nous faire croire qu’elle est une science et Passet est ambigu dans ses métaphores scientifiques qu’il développe comme des modèles. Continuer la lecture de Recenssion : René Passet