Pour ou contre le FCC au CERN ?

Le CERN annonce en grande pompe le lancement de son nouveau projet de collisionneur de protons FCC (Future Circular Collider), qui devrait atteindre 1014 eV (électron-volt), vers les années 2070, dans un tunnel de 100 km. Le coût total du projet est estimé à 30 milliards alors que le budget annuel du CERN est actuellement d’environ 1,7 milliard. 

Personnellement, j’admire et j’aime le CERN. Il s’agit du plus grand laboratoire de recherche fondamentale non militaire. Et puis, il est chez nous.

Pourtant, je ne suis pas favorable au projet.

L’argument qui me convainc est représenté dans le schéma suivant.

Il représente les progrès réalisés, ou espérés, par le CERN au cours des ans. 

En 1999, le LEP, collisionneur électrons/antiélectrons, produisant des évènements de 0,1 TeV (1011 électrons-volts). Vingt ans plus tard, en 2022, le LHC (Large Hadron Collider) produit entre deux protons, des collisions cent fois plus énergétiques (13,6 TeV). En 2070, le CERN espère gagner encore un facteur de 8. 

Bravo, bravo, mais quel est le but ?

Une chose est sûre. Le LHC a permis de découvrir le boson de Higgs ; le FCC permettra d’explorer en détail cette particule, mais c’est probablement aux énergies encore plus hautes, au-delà du modèle standard, que se trouvera la solution des vrais problèmes, par exemple la nature de la matière noire ou la relation entre la physique quantique et la gravitation. 

Il me semble raisonnable de penser que des éléments de solution se trouveront quelque part dans la gamme d’énergie entre les phénomènes que produit le LHC et ceux que l’on observe dans les rayons cosmiques. Le plus énergétique observé jusqu’ici a eu enregistré en 1999 ; on lui a donné le nom de « Oh-my-God » ; il avait une énergie de 1020 eV.

Le FCC nous fait gagner un facteur 8 sur l’énergie des collisions ; la plage à explorer est de un million. Je trouve le pari du FCC trop cher et trop risqué. Peut-être que l’univers, là-haut, au fond, a plus de choses à nous dire.