Le Ministère du futur

Le 23 novembre 2023, j’ai placé sur mon blogue un petit article intitulé « le Déni » dans lequel je fais le point sur la course folle de notre société technoindustrielle vers sa propre destruction. La science a parlé. Nous connaissons la situation actuelle et comment nous en sommes arrivés là. Quant au futur, nous ne le connaissons pas. Piketty nous renvoie à l’imagination des romanciers. Je vous disais lire avec intérêt le gros roman de politique fiction cité en titre. Il a été publié aux É.-U. en 2020. La traduction française est sortie récemment. Robinson, K. S. (2023). Le Ministère du futur (C. Mamier, trad.)

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Je la recommande. En voici un aperçu.

Chapitre premier. La grande canicule s’est abattue sur l’Inde. Frank, médecin dans une organisation caritative, essaie de faire face. Il n’y a plus d’électricité, plus d’eau, les gens crèvent de chaud. Dans un ultime effort, Frank conduit sa petite troupe au lac où la température de l’eau putride est quand même moins brûlante que l’air ambiant. Au soir, à bout, Frank lève la tête. Personne ne bouge. Il est le seul survivant.

Suit un petit retour en arrière. Une fois de plus, la COP de 2023 démontre son incapacité. La tension monte. L’année suivante, une large majorité d’États – pas les pires – exigent et obtiennent que l’on se bouge, enfin. Ainsi, la COP de 2025 décide de créer un nouveau département de l’ONU destiné à conduire la transformation. Il est surnommé le Ministère du futur. Il s’installe à Zürich, sur le Züriberg. Il est dirigé par Mary Murphy, une Irlandaise. Peu de temps après, la Grande canicule s’abat sur l’Inde ; 20 millions de morts. 

En 106 petits chapitres, Robinson retrace les 30 années du douloureux combat qui conduit notre civilisation à choisir de se sauver. Le récit s’articule selon deux lignes principales : la vie et l’œuvre de Mary et celle de Frank. 

À première vue, les chapitres sont disparates comme autant de coups de projecteurs sur des portions disconnectées de la réalité. Tout y passe ; catastrophes, violence, mystérieux enfants de Kali, courage insensé et actions subtilement construites. On parle politique, économie, sociologie et technologies (utiles ou néfaste), ainsi que bien d’autres choses. 

J’illustre cette nébuleuse par un exemple. Dans ce roman, l’État chinois est un partenaire compliqué. Pourtant, au chapitre 101, il réapparaît, transformé. On ne sait guère pourquoi si ce n’est que « l’affaire du milliard », pendant laquelle toutes les grandes villes ont été submergées par leur propre population, a eu grand effet.

Ainsi, de chapitre en chapitre, émerge la cohérence du récit et sa conclusion encore diffuse. Sous les coups de la réalité, la société humaine surmonte son égoïsme mortifère pour virer vers l’intelligence et la vie. 

Cette lecture m’a fait du bien.